Santé - Social - Santé ou Social - Santé - Social ?

Publié le par RR

 
 
Santé - Social - Santé ou Social - Santé - Social…?
 
les déterminants sociaux de la santé
 
 
Les lignes qui suivent sont extraites d’un rapport de l’OMS Europe sur les déterminants sociaux de la santé deuxième étude publiée en 2004 …la première est de 1998.
 
Ne sont reproduits ci-dessous que les constats, constats issus en fait de quasi méta analyses.
 
Pour connaître les actions à mener voici 3 possibilités :
 
¤  Vous concerter avec vous-mêmes.
¤  Demander des comptes à votre député sur la mise en oeuvre d’une politique de santé publique qu’il a approuvé,
¤ Lire la source des lignes qui suivent où pour chaque thème abordé, avec des graphiques souvent,  les experts proposent des solutions.
 
( Note sur le Drakkar Bleu Noir :Attention il est possible que  cette deuxième étude soit la dernière étude sur les pays d’Europe, en effet l’OMS  a créée une commission qui, sur les déterminants sociaux, s’occupe de tous les pays !
 
Extraits de la deuxième étude
Jadis, on estimait que la politique de santé ne devait guère dépasser le cadre de la prestation et du financement de soins médicaux ; seuls des universitaires se préoccupaient des déterminants sociaux de la santé. Ce stade est aujourd’hui dépassé.
 
Si les soins médicaux peuvent prolonger la vie et améliorer le pronostic en cas de maladie grave, un facteur s’avère plus important pour la santé de la population dans son ensemble : le contexte social et économique qui est la cause profonde des maladies et de la nécessité de soins de santé.
 
Cela dit, il est indéniable que l’accès généralisé aux soins médicaux constitue clairement l’un des déterminants sociaux de la santé.
Les données scientifiques servant de base à la présente publication proviennent de plusieurs milliers de rapports de recherche. Certaines études ont été réalisées à l’aide de méthodes prospectives : des dizaines de milliers de personnes ont parfois été suivies pendant plusieurs décennies et même, dans certains cas, depuis leur naissance. D’autres études ont utilisé des méthodes d’analyse transversale et reposent sur des données individuelles, locales, nationales ou internationales. Les difficultés parfois rencontrées lors de la détermination des causes de maladies (malgré les études de suivi) ont pu être surmontées grâce à des études d’intervention, sur ce qu’il convient d’appeler les expériences naturelles et, dans certains cas, avec l’aide d’études réalisées sur d’autres espèces de primates. Néanmoins, comme la santé et ses principaux déterminants varient considérablement selon le niveau de développement économique, le lecteur ne doit pas oublier que la majeure partie des données scientifiques ayant inspiré cette publication proviennent de pays riches.
 
 
Comme cette publication est le fruit de contributions d’experts reconnus dans chacun des domaines abordés, il est remarquable de constater que les différents chapitres mettent tous en évidence la nécessité de vivre dans une société plus juste et plus soucieuse du bien-être général, sur le plan économique comme sur le plan social. Si l’on combine l’économie, la sociologie et la psychologie avec la neurobiologie et la médecine, il semble primordial de comprendre les liens entre une situation matérielle défavorable et ses incidences sociales. Les privations matérielles nuisent à la santé, mais cela va plus loin : les incidences sociales de la pauvreté, du chômage, de l’exclusion ou d’autres problèmes dévalorisants doivent également être pris en compte. En tant qu’êtres sociaux, il ne nous suffit pas de jouir de bonnes conditions matérielles, mais nous éprouvons aussi le besoin d’être appréciés et estimés, et ce depuis notre petite enfance. Nous avons besoin de nous faire des amis, de vivre dans une société plus sociable, de nous sentir utiles et de pouvoir exercer une activité professionnelle intéressante nous conférant un certain degré d’autonomie. Sans cela, nous sommes plus sujets à la dépression, à la toxicomanie, à l’anxiété, à l’agressivité et à un sentiment d’impuissance, autant de facteurs qui sont nuisibles à la santé physique.
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Nous espérons qu’en luttant contre certaines des injustices matérielles et sociales, la politique des pouvoirs publics n’améliorera pas seulement la santé et le bien-être, mais permettra aussi d’atténuer un certain nombre de problèmes sociaux qui vont de pair avec la maladie et résultent du même processus socio-économique.
 
Richard Wilkinson et Michael Marmot
 
1 ) les inégalités de Santé d’origine sociale.
 
Ce que l’on sait
Des conditions socioéconomiques défavorables affectent la santé la vie durant. Les personnes situées au bas de l’échelle sociale sont au moins deux fois plus exposées au risque de maladie grave ou de décès prématuré que ceux qui se trouvent près du sommet de l’échelle. Mais ces effets ne se limitent pas aux pauvres : les inégalités de santé d’origine sociale sont observées dans l’ensemble de la société. Ainsi, même dans la classe moyenne, les employés de bureau subalternes sont plus victimes de maladies et de décès prématurés que leurs collègues investis de responsabilités plus importantes.
Ces disparités sont notamment le résultat de facteurs matériels et psychosociaux, dont les effets se manifestent dans la plupart des maladies et des causes de décès.
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Une situation défavorisée peut avoir un caractère absolu ou relatif et revêtir des formes multiples :
modicité du patrimoine familial, instruction médiocre au cours de l’adolescence, précarité de l’emploi, impossibilité de renoncer à un emploi dangereux ou sans avenir, mauvaises conditions de logement, circonstances rendant difficile l’éducation des enfants et perception d’une pension de retraite insuffisante.
 
Ces problèmes ont tendance à toucher les mêmes personnes et leurs effets sur la santé s’accumulent avec le temps. Plus les gens vivent longtemps dans des conditions économiques et sociales stressantes, plus l’usure physiologique est grande et moins ils ont de chances de vivre une vieillesse en bonne santé.
 
2 )  Le stress
 
Le stress est source d’inquiétude et d’anxiété, et nous empêche de faire face aux problèmes de l’existence. Il nuit à la santé et peut être à l’origine d’un décès prématuré.
 
Ce que l’on sait
Des difficultés d’ordre social et psychologique peuvent provoquer un stress continu. L’anxiété, un sentiment de vulnérabilité, une mauvaise opinion de soi-même, la solitude ou une maîtrise insuffisante de sa vie professionnelle ou familiale peuvent, à la longue, retentir considérablement sur la santé. Ces facteurs psychosociaux ont des effets cumulatifs avec le temps et augmentent le risque de dégradation de la santé mentale et de décès prématuré. De longues périodes marquées par l’anxiété, un sentiment de vulnérabilité et l’absence d’amis sur qui on peut compter ont des effets néfastes. Dans les sociétés industrialisées, plus on descend dans l’échelle sociale, plus les problèmes de ce type sont fréquents.
Comment ces facteurs psychosociaux affectent-ils la santé physique ? Dans une situation critique, nos hormones et notre système nerveux nous préparent à faire face à un danger physique immédiat en provoquant une réaction de lutte ou de fuite : augmentation de la fréquence cardiaque, mobilisation de la réserve d’énergie, déviation du flux sanguin vers les muscles et augmentation de la vigilance. Bien que les situations de stress dans la vie urbaine actuelle exigent rarement une activité physique intense ou même modérée, le stress mobilise l’énergie et les ressources normalement utilisées dans un grand nombre de processus physiologiques importants pour la conservation de la santé à long terme.
Les systèmes cardiovasculaire et immunitaire sont tous deux affectés. Si ces périodes de tension sont brèves, les effets restent insignifiants. Cependant, si l’on est tendu trop souvent ou si la tension se prolonge excessivement, ces systèmes deviennent plus vulnérables à toute une série de problèmes de santé, dont des infections, le diabète, l’hypertension, les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, la dépression et l’agressivité.
 
3 ) la petite enfance
 
Pour un bon départ dans la vie, un accompagnement de la mère et du jeune enfant est indispensable : les premières phases du développement et de l’éducation influencent la santé de l’individu sa vie durant.
 
Ce que l’on sait
Les études d’observation et d’intervention démontrent que les fondements de la santé de l’adulte s’établissent dans la période prénatale et la petite enfance. Une croissance insuffisante ou une carence affective pendant cette période augmentent le risque d’une santé physique déficiente et réduit les capacités physiques, intellectuelles et affectives au cours de la vie adulte. Un mauvais départ dans la vie et une croissance insuffisante laissent une empreinte biologique durable pendant la phase de développement. C’est au cours des premières années que s’acquiert le capital biologique et humain qui détermine la santé de l’individu pendant toute sa vie. Une grossesse menée dans des conditions défavorables peut nuire au développement du fœtus, qui pâtit des problèmes de la femme enceinte : déséquilibre nutritionnel, stress, tabagisme, toxicomanie ou alcoolisme, manque d’exercice physique et insuffisance des soins prénatals. Un mauvais développement fœtal peut s’avérer néfaste à long terme pour la santé de l’individu.
En raison de la malléabilité des systèmes biologiques, la petite enfance joue un rôle important dans la santé de l’individu lors des phases ultérieures de sa vie. Comme le cerveau réagit aux informations cognitives, émotionnelles et sensorielles, un attachement affectif déficient et le manque de stimulation peuvent limiter les capacités scolaires et le niveau d’instruction, provoquer des problèmes de comportement et, le cas échéant, entraîner une marginalisation sociale à l’âge adulte. L’adoption d’un mode de vie sain (alimentation équilibrée, exercice physique, abstinence tabagique, etc.) est directement liée à l’exemple que l’on a reçu de ses parents ou de ses pairs et à un bon niveau d’instruction.
Une croissance physique lente ou retardée lors de la petite enfance entrave le développement cardiovasculaire, respiratoire, pancréatique et rénal, ce qui accroît le risque de maladie à l’âge adulte.
 
4 ) l’exclusion sociale
 
La vie est courte quand elle est de piètre qualité. En provoquant souffrances et amertume, la pauvreté, l’exclusion sociale et la discrimination entraînent des décès prématurés.
 
Ce que l’on sait
La misère, la pauvreté relative et l’exclusion sociale ont un impact majeur sur la santé et la mort précoce. En outre, certains groupes sociaux courent beaucoup plus de risques de vivre dans la pauvreté. La pauvreté absolue – à savoir le manque de biens matériels essentiels à la vie – continue d’exister, même dans les pays les plus riches d’Europe.
 
Les chômeurs, un grand nombre de groupes ethniques minoritaires, les travailleurs immigrés, les handicapés et les sans-abri sont particulièrement exposés à cet égard. Les sans-abri connaissent le taux le plus élevé de décès prématuré.
 
La pauvreté relative est le fait d’être beaucoup plus pauvre que la plupart des autres membres de la société. Selon une définition souvent utilisée, elle correspond à des ressources inférieures à 60 % du revenu national médian. Elle empêche d’avoir accès à un logement décent, à l’instruction, aux transports et à d’autres ressources essentielles. L’exclusion sociale et l’injustice nuisent à la santé et fait courir des risques élevés de mort prématurée. Les tensions engendrées par la pauvreté sont particulièrement néfastes pour les femmes enceintes, les bébés, les enfants et les personnes âgées. Dans certains pays, pas moins d’un quart de la population totale – proportion qui est encore plus élevée en ce qui concerne les enfants – vit dans un état de pauvreté relative.
 
L’exclusion sociale trouve également son origine dans le racisme, la discrimination, la déconsidération, l’hostilité et le chômage. Ces facteurs empêchent de bénéficier de l’instruction, d’activités de formation, de services et de la vie civique. Ils ont un effet négatif sur les plans social et psychologique, engendrent des coûts matériels et sont nocifs pour la santé. Les personnes qui vivent (ou ont vécu) dans des collectivités telles que des prisons, des maisons d’enfants et des hôpitaux psychiatriques sont particulièrement vulnérables.
 
Plus on vit dans des conditions défavorables, plus on risque de souffrir de problèmes de santé, notamment de maladies cardiovasculaires. Comme la pauvreté est aussi un phénomène épisodique, le nombre de personnes ayant connu la pauvreté et l’exclusion sociale au cours de leur existence est largement supérieur au nombre actuel d’exclus.
 
La pauvreté et l’exclusion sociale sont à la fois les causes et les effets d’un accroissement des risques de divorce, de séparation, d’invalidité, de maladies, de toxicomanies et d’isolement social. Elles créent des cercles vicieux qui ne font que dégrader davantage la situation.
Outre les effets directs de la pauvreté, il peut aussi être néfaste pour la santé de vivre dans un quartier miséreux caractérisé par un chômage élevé, de mauvaises conditions de logement, des services insuffisants et un environnement défavorable.
 
5 ) Le travail
Le stress au travail augmente le risque de maladies. Les personnes qui maîtrisent leur cadre de travail sont en meilleure santé que les autres.
 
Ce que l’on sait
De manière générale, il vaut mieux pour la santé de travailler. Cependant, l’organisation sociale du travail, le mode de gestion et les relations sociales sur le lieu de travail ont un impact sur la santé. Il a été démontré que le stress au travail est une composante importante des grandes différences concernant l’état de santé, le nombre d’arrêts maladie et la mortalité prématurée observées entre les diverses couches sociales. Plusieurs études européennes réalisées dans ce domaine montrent qu’il est préjudiciable pour la santé de ne pas pouvoir utiliser ses compétences et de ne disposer que d’un pouvoir limité de décision.
 
Un faible niveau d’autonomie dans son travail est fortement associé à un risque élevé de douleurs lombaires, d’arrêt maladie et de maladie cardiovasculaire .Ces risques pour la santé sont indépendants des caractéristiques psychologiques des personnes étudiées. En bref, ils semblent liés à l’environnement professionnel.
 
Des études ont également été menées sur l’effet de la charge de travail. Certaines révèlent une relation entre charge de travail et autonomie.
 
Le risque est en effet élevé pour les postes où la charge de travail est importante et le niveau d’autonomie faible. Certains résultats suggèrent que la qualité des relations sociales dans le milieu de travail pourrait jouer un rôle protecteur. De plus, il a été constaté qu’une valorisation inadéquate pour les efforts fournis au travail était associée à un risque élevé de maladie cardiovasculaire. Cette valorisation peut se manifester sur le plan financier, par la considération dont l’intéressé jouit ou par des satisfactions d’amour-propre. Les perspectives de carrière peuvent changer sous l’effet de l’évolution actuelle du marché du travail, de sorte qu’il peut devenir plus difficile de voir ses efforts récompensés.
L’environnement psychosocial au travail constitue donc un déterminant important de la santé et contribue aux disparités de santé observées entre les catégories sociales.
 
 
6 ) Le chômage
 
La sécurité de l’emploi est bonne pour la santé, le bien-être et la satisfaction professionnelle. Un taux de chômage élevé va de pair avec une incidence importante de maladies et de décès prématurés.
 
Ce que l’on sait
Le chômage nuit à la santé et ses méfaits sont d’autant plus grands que le taux de chômage d’une région est élevé. Des études menées dans plusieurs pays ont démontré que les demandeurs d’emploi et leur famille courent un risque sensiblement plus élevé de décès prématuré.
Les effets du chômage sur la santé sont liés à ses conséquences tant psychologiques que financières, en particulier l’endettement.
Les effets commencent à se manifester dès que le travailleur pense que son emploi est menacé. En d’autres termes, l’anxiété suscitée par l’insécurité professionnelle est aussi nuisible à la santé. La précarité de l’emploi influe sur la santé mentale (en particulier, l’anxiété et la dépression). On se sent souffrant et l’on est davantage exposé aux maladies cardiaques ainsi qu’à leurs facteurs de risque. Comme la précarité de l’emploi ou une forte insatisfaction professionnelle peuvent être aussi néfastes que le chômage, le simple fait d’avoir du travail ne suffit pas à protéger la santé physique ou mentale : la qualité de l’emploi est également importante .
Au cours des années 90, l’évolution de l’économie et du marché du travail d’un grand nombre de pays industrialisés a exacerbé le sentiment de précarité de l’emploi, une situation qui, à la longue, contribue à un état de stress chronique d’autant plus dommageable qu’il se prolonge. Ce stress augmente l’absentéisme et le recours aux services de santé.
 
 
7 ) le soutien social
 
L’amitié, de bonnes relations sociales et de solides réseaux d’entraide améliorent la santé à la maison, au travail et dans le cadre de vie.
 
Ce que l’on sait
Un soutien social et de bonnes relations interpersonnelles ont des effets positifs sur la santé. Le soutien social contribue à donner aux individus les ressources affectives et pratiques dont ils ont besoin. L’appartenance à un réseau de relations et de soutien mutuel donne le sentiment d’être reconnu, aimé et apprécié, ce qui a un effet particulièrement protecteur sur la santé. Le soutien social peut également favoriser l’adoption d’un comportement plus sain. Le soutien social agit aux niveaux de l’individu et de la société. L’isolement et l’exclusion sont associés à des taux élevés de décès prématurés et à une diminution des chances de survie après une crise cardiaque. Les personnes qui ne reçoivent qu’un faible soutien social et affectif jouissent généralement d’un bien-être moindre. Elles sont aussi plus exposées à la dépression et aux complications lors d’une grossesse, et risquent davantage d’être handicapées à la suite de maladies chroniques. Qui plus est, la mauvaise qualité des relations avec les proches peut affecter la santé mentale et physique. L’intensité de ce soutien affectif et pratique varie selon le niveau social et économique. La pauvreté peut contribuer à l’exclusion et à la solitude.
La cohésion sociale – à savoir la qualité des relations sociales et l’existence d’une confiance, d’obligations réciproques et d’un respect mutuel au sein d’une communauté et dans la société en général – contribue à protéger les individus et leur santé. L’inégalité nuit aux bonnes relations sociales. Dans les sociétés où les disparités de revenus sont importantes, la cohésion sociale a tendance à être plus faible et la criminalité violente, plus répandue. Un soutien mutuel intense est bénéfique pour la santé, alors que la détérioration des relations sociales, parfois due à une inégalité particulièrement prononcée, réduit la confiance et augmente la violence. Une étude menée au sein d’une localité caractérisée par une forte cohésion sociale a permis de démontrer que les taux de maladie coronarienne, au départ peu élevés, augmentaient lorsque la cohésion sociale baissait.
 
8 ) Les dépendances
 
Certaines personnes se réfugient dans l’alcool, la drogue et le tabac et en subissent les conséquences. Or la consommation de ces produits dépend du contexte social au sens large.
 
Ce que l’on sait
La toxicomanie est une réaction face à de graves problèmes sociaux et contribue beaucoup à accroître les inégalités de santé qui résultent de ceux-ci. La drogue offre le mirage d’une échappatoire à l’adversité et au stress, mais ne fait qu’empirer la situation.
L’alcoolisme, la consommation de drogues illicites et le tabagisme sont étroitement associés à des indicateurs de situation défavorisée sur les plans économique et social. Dans certains des pays en transition d’Europe centrale et orientale, par exemple, des bouleversements sociaux se sont produits au cours de la décennie écoulée. De ce fait, le nombre des décès liés à la consommation d’alcool (accidents, actes de violence, intoxications, traumatismes et suicides) a très nettement augmenté. L’association entre alcoolisme et mort violente existe dans d’autres pays également. La relation de cause à effet est sans doute à double sens. On se réfugie dans l’alcool pour échapper aux dures réalités économiques et sociales, et l’alcoolisme conduit à la déchéance sociale. Hélas, après le soulagement temporaire qu’il procure, l’alcool renforce les causes qui ont incité l’intéressé à commencer à boire.
Cela vaut également pour le tabagisme. Les difficultés sociales – mauvaises conditions de logement, modicité des revenus, situation monoparentale, chômage ou absence de domicile fixe – vont de pair avec des taux élevés de tabagisme et des taux très faibles de sevrage tabagique. Le tabagisme prélève un tribut important sur les revenus des plus démunis, nuit gravement à la santé et provoque un grand nombre de décès prématurés. Or la nicotine ne réduit pas véritablement le stress, pas plus qu’elle n’améliore l’humeur.
La consommation d’alcool, le tabagisme et la toxicomanie sont en outre encouragés par les campagnes publicitaires et de promotion agressives menées par les grandes sociétés multinationales et par la criminalité organisée. Leurs activités constituent un obstacle de taille aux initiatives visant à réduire la consommation chez les jeunes. En outre, leur complicité tacite dans les activités de contrebande, notamment dans le cas du tabac, entrave les efforts déployés par les pouvoirs publics en vue de limiter la consommation par le biais des prix.
 
9 ) l’alimentation
 
Comme l’approvisionnement alimentaire est tributaire des marchés mondiaux, la garantie d’une alimentation saine est une question politique.
 
Ce que l’on sait
Un régime alimentaire équilibré et un approvisionnement suffisant en denrées alimentaires sont essentiels pour la santé et le bien-être.
Les pénuries alimentaires et une alimentation peu variée engendrent la malnutrition et des maladies carentielles. L’excès de nourriture (une autre forme de malnutrition) contribue à l’apparition de maladies cardiovasculaires, du diabète, du cancer, de maladies dégénératives de l’œil, de l’obésité et de caries dentaires. En matière d’aliments, l’insuffisance côtoie l’abondance.
 
Le véritable problème de santé publique réside dans la disponibilité et le coût d’aliments sains et nourrissants . La possibilité de se procurer des aliments sains et bon marché a des effets plus importants sur les habitudes alimentaires que les efforts d’éducation pour la santé.
 
La croissance économique et l’amélioration des conditions de logement et de l’assainissement sont à l’origine de la transition épidémiologique : les maladies infectieuses ont régressé et les maladies chroniques ont progressé (en particulier les affections cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les cancers).
Ce phénomène s’est accompagné d’une transition nutritionnelle : en Europe occidentale, notamment, une surconsommation de graisses et de sucres à teneur élevée en énergie a entraîné une progression de l’obésité. Dans le même temps, l’obésité est devenue plus courante chez les pauvres que chez les riches.
 
Le marché mondial de l’alimentation est devenu un gros enjeu économique. L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce et la Politique agricole commune de l’Union européenne permettent aux forces du marché mondial de déterminer les approvisionnements alimentaires.
 
Des instances internationales telles que la Commission du Codex Alimentarius, qui fixent les normes de qualité et de sécurité sanitaire des aliments, n’ont pas de défenseurs de la santé publique en leur sein, alors que les entreprises du secteur alimentaire sont puissantes. La production alimentaire locale peut être plus viable et plus accessible, et elle soutient l’économie locale.
 
Les conditions économiques et sociales créent des disparités d’ordre social dans la qualité de l’alimentation, ce qui contribue à accentuer les inégalités de santé. La principale différence entre classes sociales réside dans les sources de nutriments.
Dans un grand nombre de pays, les pauvres remplacent les aliments frais par des produits transformés bon marché. Néanmoins, on retrouve souvent des régimes riches en graisses dans tous les groupes sociaux. Les personnes disposant de revenus peu élevés (jeunes ménages, personnes âgées, chômeurs, etc.) sont les moins à même de bien s’alimenter.
Pour la prévention des maladies chroniques, il faut consommer davantage de légumes et fruits frais, de légumineuses et de féculents peu transformés, mais moins de graisses animales, de sucres raffinés et de sel. Plus de 100 comités d’experts se sont accordés sur ces objectifs diététiques.
 
10 ) Les transports
 
Une politique des transports soucieuse de la santé décourage le recours à l’automobile et favorise la marche à pied et le vélo, tout en améliorant les transports en commun.
 
Ce que l’on sait
La bicyclette, la marche et l’utilisation des transports en commun améliorent la santé de quatre façons : elles favorisent l’exercice, font baisser le nombre d’accidents mortels, augmentent les contacts sociaux et réduisent la pollution atmosphérique.
 
Comme la mécanisation a permis de limiter les travaux manuels et domestiques, et a contribué à l’épidémie croissante d’obésité, il faut trouver de nouvelles façons de faire de l’exercice physique.
 
La politique des transports peut donc jouer un rôle crucial dans la lutte contre un mode de vie sédentaire en décourageant l’utilisation de la voiture, en favorisant le recours à la marche et au vélo et en améliorant les transports en commun. La pratique régulière d’une activité physique protège des maladies cardiaques et, en limitant l’obésité, prévient le diabète. Elle procure une sensation de bien-être et protège les personnes âgées de la dépression.
 
Une réduction de la circulation routière diminuerait aussi le nombre de décès et de traumatismes graves consécutifs aux accidents de la route. Bien que les accidents de voiture causent également des lésions corporelles chez les cyclistes et les piétons, les accidents de vélo ne blessent qu’un nombre relativement peu élevé de personnes. Des aménagements urbains bien planifiés, séparant cyclistes et piétons des voitures, augmentent la sécurité des premiers.
Contrairement à l’utilisation de la voiture, qui isole les gens, la marche à pied, le vélo et les transports en commun stimulent les contacts sociaux. La circulation routière divise artificiellement les quartiers et sépare les deux côtés d’une même rue.
 
À cause de la diminution du nombre de piétons, la rue perd son rôle d’espace social et le piéton isolé craint d’être agressé. Qui plus est, les banlieues accessibles uniquement aux voitures tendent à isoler les personnes non motorisées, en particulier les jeunes et les personnes âgées. L’isolement et le manque de contacts sociaux sont fortement associés à une santé déficiente.
 
À une réduction du trafic correspond une diminution de la pollution liée aux gaz d’échappement. La marche et la bicyclette réduisent la consommation d’énergies non renouvelables et ne contribuent pas au réchauffement de la planète. Elles n’engendrent pas de pollution atmosphérique, sont peu bruyantes et représentent des modes de déplacement de choix dans les villes denses du futur.
 
Rapport de l’OMS Europe sur les déterminants sociaux 1 ère étude ( 2000 )cliquez pour télécharger
Rapport de l’OMS Europe sur les déterminants sociaux 2 ème étude ( 2004 ) cliquez pour télécharger
Rapport de la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail  Résumé ( Maladie, invalidité et insertion sociale ) 10 pages  cliquez pour télécharger
 
Revue Recherches Sociographiques 2004 : une analyse comparative entre le Canada, le Québec et France : l’importance des rapports sociaux et politiques eu égard aux déterminants et aux inégalités de la santé  cliquez pour télécharger

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