L'influence des investisseurs institutionnels sur le pilotage des entreprises

Publié le par RR

L'influence des investisseurs institutionnels

sur le pilotage des entreprises

Nicolas Mottis Jean-Pierre Ponssard

ECOLE POLYTECHNIQUE Mai 2002 Cahier n° 2002-020

l'introduction extraite du cahier,  en guise de présentation d'un document très clair.

"Introduction

Les investisseurs institutionnels sont devenus des acteurs prédominants dans l’économie mondiale. Ils jouent un rôle moteur dans l’internationalisation des marchés financiers (Plihon, 1999); ils ont acquis la première place en tant qu’actionnaires dans de nombreuses entreprises (Morin, 1998); ils sont en mesure d’influencer la gestion de ces entreprises d’une manière parfois décisive, même s’ils demeurent pour chacun d’entre eux des actionnaires minoritaires (Jeffers et Plihon, 2002) ; enfin, même si le marché de la gestion collective de l’épargne est encore largement dominé par les investisseurs anglo-saxons, tout particulièrement par les fonds de pension américains qui détiennent près du quart des actifs gérés pour compte de tiers dans le monde, l’industrie française de sociétés d’investissement s’organise de plus en plus selon les mêmes méthodes (Kleiner, 2002). On assiste donc à une montée en puissance généralisée du pouvoir financier et cette montée en puissance constitue l’un des vecteurs majeurs des transformations en cours du capitalisme contemporain.

Cet article1 est centré sur l’impact de cette montée en puissance sur la gestion interne des entreprises, impact souvent associé à la diffusion des notions de valeur actionnariale ou encore de « shareholder model » par opposition aux notions de valeur partenariale ou encore de « stakeholder model ». La première partie est consacrée à l’évolution de l’équilibre stakeholder/shareholder, que l’on peut constater depuis quelques années dans de nombreuses firmes européennes, vers le « shareholder model ». Cette évolution est assez générale et répond autant à des changements dans la stratégie des firmes (globalisation de la concurrence) qu’à un changement du rapport de force entre actionnaires et dirigeants. On propose une typologie de situations pour mettre en évidence l’ampleur des changements en privilégiant deux dimensions : la communication financière et l’alignement des incitations des dirigeants sur les objectifs des actionnaires. Le premier changement concerne la quasi totalité des entreprises cotées tandis que le second ne concerne encore qu’un nombre relativement limité d’entre elles.

La suite de l’article revient sur l’analyse détaillée des changements correspondants. Dans les deux cas, on privilégie une discussion des conditions pratiques de mise en œuvre. Au-delà des principes généraux, quels sont les objectifs mis en avant dans les entreprises, quelles sont les modalités concrètes utilisées, quels sont les points qui posent problème et comment ces problèmes sont-ils éventuellement contournés ? On met par exemple en évidence l’élargissement de la communication financière à des considérations non strictement financières devant la montée des fonds éthiques mais aussi de groupes de pression cherchant à promouvoir la notion de développement durable. On insiste sur la diffusion de la notion de création de valeur actionnariale tout en soulignant la difficulté à transposer cette notion dans des schémas de rémunération.

Des comparaisons centrées plus particulièrement sur la France et l’Allemagne (Gehrke, 2002) amènent à penser qu’il existe sur ces trois points un processus de convergence des modes de gestion en cours dans les entreprises d’Europe continentale vers un mode de capitalisme à l’anglo-saxon, lui-même prenant de plus en plus en compte les enjeux éthiques. Cette convergence ne correspond donc pas forcément à l’idée d’une évolution vers un mode de pilotage tout financier basé sur une vision étroite du « shareholder model ». L’opposition entre le « shareholder model » et le « stakeholder mode » apparaît sur le terrain moins manifeste qu’il n’y paraît sur le plan des principes (Charreaux et Desbrières, 1998). Le modèle théorique correspondant à cette hybridation reste à construire (Plihon, Ponssard et Zarlowski, 2002).

Si les demandes exercées sur les entreprises visent à intégrer de plus en plus des aspects éthiques ou environnementaux, elles auront comme contrepartie interne que de nombreuses entreprises seront encouragées à préserver un meilleur équilibre entre des considérations financières et des systèmes de valeurs plus larges. L’intérêt suscité (au delà des effets de mode) par des approches comme le « balanced scorecard » ou tableau de bord équilibré (Kaplan et Norton, 1996) n’est pas étranger à ce constat. Cette hypothèse, soulignée dans la conclusion, conduirait à un renouveau des approches opérationnelles comme résultante de la pression des marchés financiers, ce qui constituerait un paradoxe qu’il serait intéressant d’approfondir.

1 On reprend dans cet article les principales conclusions de l’ouvrage collectif publié sous le titre La montée en puissance des fonds d’investissement : quels enjeux pour les entreprises, D. Plihon et J.P. Ponssard eds, La Documentation Française, 2002, en mettant plus précisément l’accent sur l’impact de cette montée en puissance dans le pilotage des entreprises, voir chapitre des auteurs de l’article correspondant dans l’ouvrage."

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R
Toujours bien comme d'habitude. A bientôt. En coup de vent, pas le temps ce matin mais reviens cet AM.<br />  <br />  
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