mise en place d’une démarche sécuritaire pour une pandémie de grippe

Publié le par RR

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Vincent Leroux, Alain Desroches
 
Déclenchement du plan blanc : mise en place d’une démarche sécuritaire pour une pandémie de grippe.
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La problématique de la pandémie de grippe et son risque sont connus, surveillés, documentés et commentés.
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Les communications scientifiques et politiques sont abondantes. La planification globale des mesures gouvernementales est connue. Les incertitudes sont clairement exposées dans de nombreux médias.
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La clarification des responsabilités s’établit.
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Aujourd’hui, devant l’attente d’une pandémie de grippe humaine d’origine aviaire, risque biologique infectieux récurrent, les enjeux sont l’ordre public sanitaire, la prévention et la préparation, la gestion de l’alerte et la promotion de l’hygiène individuelle et collective.
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La situation sera nouvelle pour la majorité des personnels, des organisations et de leurs patients. La crise sanitaire grave peut obliger une gestion de crise avec la mise en quarantaine , la réquisition des agents et le risque de contagion personnelle. Il s’agit d’éviter la désorganisation par des comportements « individualistes », ou par épuisement des hommes et des ressources. Il s’agit de minimiser l’aversion aux risques des équipes opérationnelles.

L’Hôpital en entier doit adopter une posture de sécurité et se préparer activement en relation avec les professionnels libéraux. Quelles que soient les convictions personnelles de chacun, l’important est notre réponse professionnelle. La population sera attentive.

La révision du Plan Blanc et l’entraînement par chaque établissement font partie de la préparation. Il s’agit aujourd’hui dans cette période déjà « hors norme », d’éviter la crise et l’accident. Pourtant avant même de déclencher un plan Blanc, notre premier risque est l’apparition de problèmes internes ou externes pouvant déjà nous empêcher de conserver notre mission, obligeant avant l’heure à des efforts imprévus. Que faire ? et comment la gestion du risque peut aider à prévenir l’accident?

Il faut « profiter » de cette  situation d’attente , des efforts actuels de communication, des dispositif à préparer comme pression positive externe pour s’investir à renforcer la méthode « démarche de sécurité » du programme de gestion globale et coordonnée des risques de l’établissement et de ses réseaux/filieres ville hôpital.

L’appropriation du dispositif favorise l’engagement et la vigilance de tous donc une tension de sécurité. La charge de l’entraînement pour l’hôpital est ainsi mieux vécu. L’évaluation qualitative externe du dispositif est possible.

1 Imposer une gouvernance des risques : À un objectif de prise en charge (de production de soins) existe un objectif de sécurité.

De nombreux responsables d’établissements et de professionnels de santé cherchent à organiser cette préparation. La première difficulté est de savoir aborder le sujet avec les diverses instances et groupes professionnels. Le danger pour l’hôpital est double : le risque de contagion de la grippe et la défaillance de l’organisation de l’Hôpital. La première étape est d’Informer, débattre et former.

La grippe est un risque connu et attendu, ce n’est plus un aléa. Personne ne sait si la peur sera mobilisatrice, mais l’absence de préparation et de conduite des événements sera mise en responsabilité.

Elle se transmet à l’Homme. La question est comment détecter précocement la transmission interhumaine ? Comment être informé et informé localement ?

Elle arrivera en France. Les aéroports et les migrations d’oiseaux sont les portes d’entrée prévisibles. La question est quand à partir d’aujourd’hui ?

La France et la communauté internationale communiquent et se préparent à une épidémie touchant des millions de personnes (avec une létalité importante probable). La prise en compte populationnelle est en cours. La question est comment se prémunir individuellement (et son entourage) quand on est soignant ? Quelle mesure personnelle prévoir car on est possiblement réquisitionné ou mis en quarantaine ?

Notons un paradoxe entre la force de la communication scientifique et politique et la « discrétion » de la communication interne des services, des professionnels ou des établissements. Comment communiquer — informer pour impliquer en interne, dépasser les non-dits, limiter les comportements individualistes ? Sans les agents techniques de la logistique, comment ferons-nous pour distribuer des masques ?

Éléments de réponse :

Une politique, une alerte ou un ordre donné par la direction ou la tutelle doit être appliqué à tous les échelons. Il doit donc être compris et acceptés. La communication devient moins institutionnelle mais plus opérationnelle. Il faut « aborder » à la fois les messages techniques (les procedures) et ceux liés à l’environnement de la situation : s’assurer du niveau d’information des personnels — patients — entourage et le corriger pour lever l’indifférence apparente, voire l’ignorance du risque de pandémie. Les définitions et les notions de pandémie, de risques acceptables, de principe de précaution, de notion d’alerte ou ce que représentent les organisations de type "cellule de crise"… sont souvent des sujets délicats. Ils méritent toujours une explication en utilisant les mots « adaptés » à chaque catégorie du personnel pour obtenir leur engagement.

Former sur les signes, symptômes, traitement et évolution des grippes et la conduite à tenir en cas de suspicion (appeler le 15 ou le SAMU).   La mission de Santé publique et les mesures d’ordre public sanitaire obligeront des organisations de travail inhabituelles et réglementées.

Les Ressources Humaines actualisent selon les récentes dispositions du CSP et vérifient les procédures nécessaires comme la couverture vaccinale du personnel, les règles de réquisitions, les fichiers de coordonnées à jour, la mise en quarantaine, les temps de travail Maintenir informées régulièrement les personnels et les instances comme CHSCT, (CTE), CME, Conseil d’administration.

Maintenir une veille en communication et faire des mesures d’impact des messages. S’assurer du niveau d’information des filières de soins pour lever l’éventuelle désorganisation locale.

Le probable du confinement obligera à une organisation territoriale donc avec nos voisins, établissements sanitaires mais également médico-sociaux et organisation de ville.

Bâtir un système d’alerte et veille d’indicateurs et d’indices avec la collecte de signaux, la vérification d’information, le contrôle des éléments, la mise en œuvre de moyens diagnostic étiologique, et des mesures adaptés et de transmission de l’alerte.

Un système local d’alerte améliore la confiance et contribue à la promotion de la santé publique. Les établissements souvent source et réponse à l’alerte doivent participer à ce dispositif. La surveillance des indicateurs et des événements concernent : 

En local, comme par exemple des éléments issus les demandes de preadmission (ou de retour de permissions), les courbes de températures, les signes grippaux, les origines, l’absentéisme des personnels..

En Général, à travers les communications avec les niveaux nationaux, régionaux citons ministères, Préfectures, ARH et URCAM DRASS, DDASS, HAS, INVS et la CIRE, réseau Grog…, SAMU, Presse… Thématique : observatoire et système sentinelle

La veille par le service documentaire visite quotidienne de sites (l’In VS, de blog spécialisé) et transmet les infos pouvant modifier les procédures.

La mise en place du Groupement, Régional de Santé Publique, la nécessite d’inclure l’alerte dans le Plan Régional de Santé Publique, créer un PRSP alerte modifieront ce dispositif…

La deuxième étape est de décider. L’enjeu devient le moment du déclenchement des actions. On reste lucide et efficace en se préparant. Pour chaque établissement, le scénario d’accident, le plan d’action seront évidemment bien différents selon la situation locale et territoriale. L’analyse de ce danger pour chaque établissement, en termes d’occurrence, d’impact, de risque, d’élément critique et d’action est à évaluer.

Apporter une cohérence à l’action face à la situation et au contexte s’apprend. Le sens de cette cohérence sera accepté par les agents si la situation exposée paraît compréhensible, gérable et sensée.

Il s’agit de se doter des signaux d'alerte locaux et surtout d’un cadre d’organisation pour ces situations multiples pré accidentelles. Ce cadre défini en management du risque s’appelle une démarche de sécurité (ou défense en profondeur).

Une démarche sécuritaire, née dans les années 80 utilisant une défense en profondeur et des barrières de sécurité est un processus de sécurisation graduée d'une activité issue des méthodes que maîtrise un gestionnaire des risques. Cette démarche de mise en sécurité recherche une optimisation des efforts pour la réussite de l'activité (objectif de l'activité de soins) et pour la sécurité (objectifs de sécurité). C’est un des fondements de la maîtrise du risque et de la sauvegarde de nos patrimoines et de nos missions

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Le site de GESTIONS HOSPITALIERES

 

 

Publié dans Santé

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A
faut prevoir des portes automatiques avec cellules photo electriques.. !!!
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L
Bonjour ANNE,<br /> <br /> Espérons que le professeur HOUSSIN veuille bien communiquer et pas seulement en communication de crise...<br /> <br /> Bon WE quand même
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A
ce que dit citoyen est vrai....a propos de l'arh et la dass..<br /> et en dehors de l'hopital, comment va t on faire ? pour les prelevements, les examens medicaux..<br /> ne pourrait t on s'inspirer de ce qui veut etre fait à l'hopital et creer des " soins centralisés "<br /> je précise qu'il va etre dangereux ( contaminant) d'aller consulter son medecin<br /> que les medecins sont deja a l'heure actuelle surbookés ( burning out), cf les courbes demographie medicale...<br /> il faudra un peu de discipline de la part de tous,..car il est impensable qu'un generaliste voit 200 patients de plus par semaine....
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L
Bonjour Citoyen, content de te croiser.<br /> <br /> Ce que tu dis n'est pas rassurant...et ce n'est pas la  possible pandémie qui me fait écrire cela !<br /> <br /> Je m'explique :<br /> <br /> La mobilisation sur la pandémie avait un intérêt , et pour moi le 1er ministre Dominique de VILLEPIN l'avait intégré, c'était d'utiliser un motif civil aux fins de préparation d'une attaque Biotox donc terroriste. <br /> <br /> Les personnes averties avaient en effet remarqué la proximité de réponse entre biotox - variole et grippe aviaire.Cela justifiait la Gestion de Crise et le plan Blanc élargi ou pas.<br /> <br /> Maintenant, si ce que tu dis est  généralisable, c'est qu'il y a quelquechose qui ne tourne pas rond dans le montage de la réponse.<br /> Le professeur HOUSSIN a du travail !...
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C
Drakkar,<br /> <br /> Merci pour ta perspicacité et l'information, décidément rien ne t'échappe.<br /> <br /> Concernant la mise en oeuvre des plancs blancs dans les hôpitaux avec pour hypothèse la grippe aviaire, autant dire que nous ne sommes pas prêts.<br /> <br /> Il faut dire que l'éventualité d'une pandémie nécessite de poser des hypothèses de travail qui ressortent presque de l'absurde. La difficulté consiste en plus à laisser chaque établissement  mettre en place son propre plan blanc. <br /> <br /> Personnellement, j'ai pu constater, professionnellement, que même les rouages de l'administration déconcentrée (DDASS & ARH) n'étaient pas particulièrement coordonnés, en effet l'un et l'autre ignoraient les initiatives prises par chacun, mais je préfère ne pas en dire plus ici ...
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